Made with racontr.com

Durant 5 mois, jusqu’en février 2016, le projet « Trait d’Union » va nous emmener des contreforts de l’Himalaya (Népal), aux 4 coins du Sri Lanka, en passant par l’Inde (Sundarbans et Andhra Pradesh) et le Bangladesh (Kurigram et Barguna). Cet itinéraire est dicté par nos mandats professionnels pour l’EPFL et la fondation Terre des hommes. Ils nous ont fait confiance et nous les en remercions chaleureusement.


Mais ce n’est pas à travers un compte rendu exhaustif de notre travail que nous désirons partager cette aventure. Au contraire, rien de tel que la richesse des anecdotes du quotidien.



La CODEV (Coopération au Développement) de l’EPFL débute la production d’un MOOC (Massive Open Online Course) sur les réductions des Risques de Désastre (DRR) en janvier 2016. Pour cela, ils nous ont demandé de collaborer avec l’équipe de l’ONG Norlha à Katmandou. Avec leur aide, nous irons à la rencontre de Népalais vivant dans des zones reculées du Langtang et dont les villages ont été touchés par des glissements de terrain liés au tremblement de terre du 25 avril dernier. Notre mission consiste à filmer le travail complexe des équipes locales, capturer en images les conséquences du désastre et saisir des témoignages de victimes.


Nous prendrons ensuite l’avion pour le Sri Lanka afin de réaliser notre 2ème mandat. La fondation Terre des hommes, active dans le pays depuis 1975, est sur le point d’y clore ses derniers projets. Ils nous ont demandé de nous rendre sur place, et à travers les témoignages des acteurs de cette longue histoire, staff et bénéficiaires, de retracer les 40 ans d’histoire de l’ONG au Sri Lanka. Ce retrait ne signifie pas que les enfants du Sri Lanka vivent tous dans un environnement sain, qu’ils jouissent d’une éducation complète ou que leurs droits sont entièrement respectés. Mais il semblerait que leurs conditions de vie se soient sensiblement améliorées depuis la fin de la guerre civile et le tsunami.


Notre périple nous emmènera enfin en Inde et au Bangladesh avec les équipes de Terre des hommes également. Ils nous ont demandé de coordonner et participer à des ateliers d’évaluation de projets ECOSAN. Pour faire simple, ECOSAN = toilettes sèches. Elles sont écologiques, innovantes et bien adaptées à des contextes où le manque d’hygiène est très important. Elles permettent aussi, moyennant une bonne utilisation, de créer du compost écologique pour les cultures. 

épisode 1
New Management

​Népal

épisode 3
Meet Mr Junke

​Népal

alt
alt
alt

Quelques heures plus tôt, Marie et moi atterrissions à l’aéroport international de Katmandou après 5 heures d’un très inconfortable vol : notre voisine de hublot aimait se dégourdir les jambes chaque demi-heure, la température intérieure avoisinait celle de l’extérieur et le co-pilote jouait avec le micro de manière compulsive. Sitôt arrivés dans le très bel appartement de Rizu, l’ami musicien d’un ami musicien, nous nous sommes dépêchés de faire une petite sieste avant d’aller rencontrer Sebastian, le Field Office Manager de Terre des hommes au Népal. Visite de courtoisie.


Point de Rendez-vous donné : « Durbar Square, in front of a big white building with pillars. Which looks more roman than nepali”. Facile, on a le GPS.


30 minutes plus tard, nous étions perdus. Le GPS nous indiquait un autre « Durbar Square » à quelques kilomètres de là et les passants nous répondaient tous invariablement de la même manière: bras qui se tend, sourire, « by foot, yes, not far, not far ». Bref, après quelques dizaines de minutes d’errance supplémentaires, nous nous sommes résolus à appeler Sebastian :


- Vous êtes où ?

- Ben… il y a un gros rond-point avec un type en habit traditionnel qui secoue un énorme drapeau, un garde qui refuse de nous laisser avancer sans payer 700 Roupies, beaucoup de trafic et une tour au sommet de laquelle on peut lire « Rock Café Roof Top ».

- Ok, j’arrive























































Nous rencontrons Sebastian quelques minutes plus tard. Il arrive à vélo. Trentenaire au physique de coureur de fond, chevelure rase, allure décontractée mais regard sérieux. Blond, grand et clair de peau, on peut dire qu’il n’a pas été très difficile de l’identifier. Même de loin.


Après les présentations d’usage (Marie le connaissait vaguement, moi pas), il nous propose d’essayer le Roof Top. Pourquoi pas ? C’est juste à côté et la vue sera imprenable. On trouve la porte d’entrée et on entame la montée des quelques 10 étages de l’immeuble. Marie discutait avec Sebastian de leurs contacts communs à Terre des hommes. J’ouvrais la voie. Or, ce qui devait n’être qu’une suite d’escaliers les uns après les autres, s’est transformé en véritable labyrinthe en 3 dimensions. Il n’y avait pas de cage d’escaliers qui transperçait verticalement les étages. Non, les éléments avaient été disposés de manière totalement aléatoire d’un étage à l’autre. Heureusement, comme dans la rue, les bras se levaient à notre vue.


Par chance, la terrasse valait son pesant d’or. Une véritable jungle ! La végétation dominait tout le reste. Des tables éparses se devinaient à travers des cloisons naturelles luxuriantes tandis que plusieurs petits box de verdure se découvraient à notre regard à mesure que nous progressions dans notre découverte. Par contre, des clients, il n’y en avait point. Juste nous trois. Et deux fois plus de serveurs.
















































Une table avec jolie vue plus tard, on s’assied et un des serveurs se présente à nous, accompagné de celui qui semble être son chef. Ce dernier prend la parole et démarre, sans le vouloir, l’échange le plus hallucinant de la journée.


- Welcome, please have a seat.

- Thank you, rétorquais-je, you have a truly amazing roof top!

- Thank you sir, we just opened. First day with new management. What do you like to drink?

- I’ll take a beer please. A Tuborg, précisais-je peu après en découvrant la carte.

- I’ll have a lime juice, please, continua Sebastian.

- Very sorry Sir, but no lime juice.


Le serveur avait répondu. L’expression qu’il abordait confirmait son désarroi.


- Ok, continua Sebastian. What juice do you have?

- Sorry Sir, but no juice.


Le gérant lui vint en aide par redondance.


- First day with new management.

- Ok, well, I’ll have a beer too.


Marie, qui sentait le vent tourner tenta néanmoins sa chance en pointant du doigt une ligne du menu.


- And for me a glass of red wine, please.

- Very sorry Madam, but no red wine.

- White wine?

- No Madam.

- Cocktails?

- Sorry Madam.

- Anythink with alcohol except beer, hasarda-t-elle?

- No Madam. Very sorry Madam. But with have coke… and lemonade, affirma le serveur avec confirmation du gérant par hochement de tête.

Après quelques secondes d’hésitation, Marie se résolu finalement à commander  une limonade dans laquelle elle rajouta une petite lampée de bière.  La satisfaction du devoir accompli remplaçant à ce moment-là l’expression de leur embarras, le serveur et son patron tournèrent aussitôt les talons, pleinement satisfaits. Ils avaient servi leurs premiers clients !

J.

Episode 1:

New Management

alt
alt

- Merde…

- Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?

- Ils ont oublié de laisser la grille ouverte !

- Tu rigoles ?

- J’aimerai bien.


Pour l’exemple, je mettais mes mains sur le rideau de fer et tentais de le soulever de toutes mes forces. Impossible. Je le savais pour l’avoir déjà vérifié, il n’y avait pas d’autre accès à l’appartement de Rizu, notre hôte et ami. Il était 23h, la rue était déserte, notre avion s’envolait pour Lukla le lendemain à 06h et tous nos habits étaient inaccessibles, enfermés  4 étages plus haut.


- Bon, on n’a guère le choix, continuais-je après quelques secondes de prostration. Il faut appeler Rizu et lui demander de réveiller son pote qui habite à l’étage du dessous.

- En effet, ça me semble être la seule solution, acquiesça Marie, songeuse.


Le téléphone en main, je composai son  numéro. Une sonnerie, deux sonneries, dix sonneries. Evidemment, Rizu ne pouvait entendre son téléphone, nous l’avions quitté quelques dizaines de minutes plus tôt, abandonnant ainsi le vacarme multiculturel d’un bar pour expatriés dans lequel son groupe de musique s’était produit. Un mélange entre du rock progressif instrumental et de la musique traditionnelle népalaise.

La performance du groupe avait été une véritable bonne surprise et le public présent, majoritairement de jeunes expatriés bien décidés à profiter pleinement de leur soirée, ne m’aurait pas contredit. L’ambiance était excellente, la température agréable et la musique empruntait autant à Pink Floyd qu’à Ravi Shankar. Bref, la soirée ne pouvait mieux se passer. Jusqu’à notre arrivée à l’appartement.


- Je viens de lui envoyer un message pour lui annoncer la bonne nouvelle, lançais-je à Marie qui, dépitée par la perspective d’un trek à abandonner, se laissait glisser contre la grille.

- J’espère qu’il le verra rapidement, lâcha-t-elle, irritée.

- Ouais, espérons que…


Mais je n’eus pas le loisir de terminer ma phrase, Marie s’était dressée et m’intimait le silence par un doigt sur ses lèvres, l’oreille tendue.


- Ecoute, tu n’entends rien ?


Intrigué, je me concentrais sur mon ouïe. Petit à petit un léger bruit se fait entendre, comme une longue plainte qui venait de l’autre côté du rideau.


- Je crois que c’est un chien, hasardais-je.


Et comme pour confirmer ma supposition, nous perçûmes à ce moment-là des bruits de griffure contre la grille.


- Comme c’est triste, il doit sûrement s’agir d’un des chiots toujours couché sur la terrasse. Ils ont dû l’enfermer par mégarde.


Le chien, sentant de l’activité toute proche, se mit à aboyer pour confirmer sa présence, ce qui eut pour effet immédiat d’attirer deux autres chiens de rue – de jeunes chiens eux aussi – que l’on avait déjà souvent aperçu devant l’immeuble.


- T’as vu ? Ils l’entendent et viennent l’aider.


En effet, l’un des deux chiens posait sa truffe contre la grille et émettait de petits jappements, reniflant la présence de son ami. L’autre, en revanche, profita de l’occasion pour se placer derrière la femelle (apparemment) et la monta d’un bond. Surpris par notre rire, il se tourna dans notre direction et, sans stopper son grotesque va-et-vient, nous gratifia d’une expression naïve et cocasse qui semblait dire : « et alors ?».


Le téléphone de Marie retentit à ce moment-là.


- C’est un message de Rizu. Il a essayé de joindre son ami, sans succès. Son téléphone doit être éteint. Du coup, Rizu viendra nous ouvrir une fois la soirée terminée.


Au milieu des chiens qui avaient senti notre excitation et tournaient autour de nous en battant de la queue, Marie se laissa tomber sur la marche.


- Merde, on en a pour une bonne heure d’attente…

- La nuit sera courte, mais au moins le trek n’est pas annulé, tentais-je en m’installant à ses côtés.

- Mouais…


J’étais certes ennuyé par l’arrivée tardive de Rizu, mais elle nous assurait une place dans l’avion du lendemain. Sans sa réponse, nous n’avions pas la certitude de pouvoir entrer dans l’appartement afin de prendre nos sacs et nos billets. Pour moi, à ce moment-là, il s’agissait d’une bonne nouvelle.


Nous avons donc attendu, assis devant la grille, en silence. Les chiots s’amusaient autour de nous et nous arrachaient parfois un sourire fatigué. Immobile dans la moiteur nocturne de Katmandu, je repensais au soir de notre arrivée, trois jours plus tôt. Nous avions passé une soirée mémorable avec Sébastian, le Field Office Manager de Terre des hommes au Népal (voir anecdote précédente). Comparativement aux habitudes locales, nous étions rentrés nous coucher relativement tard. Il devait être 22h30. A notre arrivée devant l’entrée de l’immeuble, nous avons eu la délicate surprise de trouver la grille fermée. L’histoire s’était rapidement arrangée, un simple coup de fil à Rizu et quelques minutes plus tard, son ami descendait nous ouvrir la porte. Le lendemain, nous nous sommes tous mis d’accord pour que dorénavant, la grille ne soit plus fermée à clé mais juste abaissée, ce qui nous laissait la liberté d’aller et venir sans déranger toute la république.


A ce souvenir, mon humeur s’altéra.


- Et dire qu’ils nous avaient promis de laisser la grille ouverte, invectivais-je vivement après plusieurs minutes de silence.


Léger frémissement du corps voisin. J’avais dû surprendre Marie.


- Ouais. Mais que veux-tu ? Peut-être n’avaient-ils pas tout à fait compris ce qu’on leur avait demandé ? Quand je travaillais au Bangladesh, mes collègues avaient l’habitude de dire qu’il fallait toujours poser une question trois fois afin d’être sûr d’obtenir la bonne réponse. La grande majorité des Bengali préféraient acquiescer sans comprendre qu’avouer leur confusion. Je ne sais pas, ça doit être culturel.

- Peut-être, n’empêche qu’on poireaute comme des cons devant ces deux crétins qui n’en foutent pas une, soufflais-je exaspéré.


En face de nous, deux gardes dans leur cabanon préservaient la sécurité territoriale de l’ambassade de Grande-Bretagne. Ils nous suivaient du regard depuis notre arrivée et semblaient très intéressés par ce qu’ils voyaient. Pour autant que nous ayons pu en juger durant ces trois derniers jours, leur travail consistait uniquement à paraître éveillé. Ouvrir le portail d’entrée pour les voitures de l’ambassade n’entrait même pas dans leurs attributions. Un troisième larron, à quelques mètres seulement, en avait la charge.


- Oui, on parle de vous, là, m’écriais-je un peu trop rapidement, un sourire ironique aux lèvres et la main qui salue.


Une salutation qui n’eut pas l’effet escompté. L’un des deux gardes se leva et vint dans notre direction.


- Merde, il vient vers nous ! Putain on fait quoi ?

- On fait que dalle. Tu te lèves et tu lui expliques gentiment notre situation.


En silence, je maudissais Marie dont la réponse m’obligeait à assumer les conséquences de mon geste. Et un simple coup d’œil dans sa direction me renseigna sur son état d’esprit : l’arrivée du garde mettrait fin à mon persiflage agaçant.


Légèrement angoissé, j’allais donc à sa rencontre et tentai de lui conter notre histoire à l’aide de tout mon attirail gestuel. Totalement immobile et silencieux, le garde observait mes tentatives de communication avec grande attention et lorsqu’elles se terminèrent, il se dirigea simplement vers la grille. Abasourdi par ce silence, je le suivais en mimant à Marie toute mon incompréhension. Au pied du mur, il se pencha pour agripper la poignée.


- See, see! The gate is closed. Not possible to get in. Big problem!


Sans même me regarder et avec tout le détachement qu’il lui était possible d’afficher, il donna un coup du revers du talon dans un loquet que nous n’avions pas remarqué. La grille s’éleva dans un énorme fracas et la garde retourna à son poste sans mot dire.

J.

alt
alt

Episode 2:

Lost in Translation

alt
alt
alt

épisode 2
Lost in Translation

​Népal

alt

Episode 3:

Meet Mr Junke

- Where you going ? me demande un petit monsieur sherpa se reposant de sa charge sur un muret.

- Just walking around, trying to find the real life of this village, lui répondis-je, ravie qu’un porteur m’adresse la parole.


Je me promenais sur le chemin qui relie le quartier touristique du quartier local dans le village de Dinbuche. Sur cet itinéraire de randonnée du parc National de Sagarmatha (aussi nommé l’Everest), les porteurs sont nombreux. Pourtant, ils sont rares à nous saluer ou engager une conversation avec les nombreux touristes adeptes de trekking et des grands espaces de l’Himalaya. Ces petits hommes à la force étonnante se concentrent essentiellement sur leur propre effort, à savoir mettre un pied devant l’autre sur des chemins escarpés, en portant 30, 50 ou même parfois 80 kilos sur le dos.


L’altitude est également à prendre en considération : Ils transportent ces lourdes charges à plus de 5000m, voir beaucoup plus pour les porteurs de haute altitude.


Le petit monsieur sherpa s’appelle Junke, il est porteur de pierre et faiseur de chemin. Contre toute attente, il accepte de me recevoir dans sa petite maison rudimentaire, qu’il partage avec deux collègues. La maison sherpa n’est pas grande. Elle comporte une pièce à vivre, une pièce d’eau et une réserve. Passant devant moi, il m’indique clairement qu’il me faut bien baisser la tête pour entrer.

A l’intérieur, Junke tient déjà une tasse de thé dans la main qu’il me tend en souriant.


- So, you carry stones ?


Je suis avide de comprendre la vie de ce petit homme à la grande force.


- Carry stones and make ways and walls.














































Les pierres et les ardoises, Junke et ses amis vont les chercher dans une des nombreuses carrières creusées dans la montagne. C’est la ressource naturelle la plus abondante de la région, elle est utilisée pour toutes les constructions de bâtiments ou de murets. No married. No children. La vie de Junke, c’est le travail de journalier, porter des pierres pour le compte des propriétaires de la région. Les sherpas sont un peuple qui marche et qui porte. Mais leur vie c’est aussi aider les voisins à récolter les pommes de terre. Partager avec eux les thés quotidiens. Vivre simplement. Etre de bonne humeur, et loyal. Et la vie de Junke, comme celle de nombreux sherpas de la région c’est aussi passer de rudes hivers, loin de la chaleur de la civilisation… point de vue d’européen. Pour Junke « Fire no need ». Même pas en hiver? « No, very few, no need, no cold ». Renseignements pris: l’hiver, à 4400 mètres, il fait entre 0 et -15 degrés, dans des intérieurs non chauffés, sans compter la bise fréquente, qui doit sans doute entrer par les divers trous que comportent la maison de Junke : un trou dans le toit pour la cheminée, des trous dans la bâche en plastique qui lui sert de vitre sur sa seule fenêtre. Junke n’est visiblement pas riche. En revanche, le coucher de soleil sur le pic Ama Dablam que l’on devine à travers la bâche nous souffle que la vraie richesse n’est peut-être pas dans la valeur des choses que l’on possède.

 

Le lendemain, je me rappelle que Julien avait dans l’idée de faire quelques portraits, et que Junke serait sûrement d’accord. Je prépare un petit sac de dattes à lui offrir, en espérant le croiser dans son jardin, j’embarque Julien et son appareil photo et l’emmène le présenter à ce nouvel ami.


- Tea Time ?, lui criais-je en l’apercevant devant sa maisonnette.


Il était bien là, buvant un thé dans son jardin et discutant par-dessus le muret avec ses jeunes voisins.


- Yes ! Please come !, nous cria-t-il en retour en se dirigeant vers nous pour nous accueillir.


Julien, un peu surpris mais ouvert à l’aventure, me demande :


- On fait quoi là exactement ? 

- On va boire un thé chez lui et essayer de lui tirer le portrait ! 


Nous entrons dans sa petite maison, tandis qu’il nous tend déjà deux tasses de thé. Visiblement plus à l’aise d’avoir aussi un homme dans sa maison, il pose des questions à Julien sur son ascension :


- You been at Everest Base Camp ? and Kala Pathar ?, very strong man !

- No, YOU are the strong man, répondons-nous en cœur !














































Junke peut porter des pierres affreusement lourdes, fabriquer des chemins, monter des charges pour les alpinistes et leur faire la cuisine dans des camps sommaires en haute montagne. Adoptés il y a près d’un siècle par les anglais pour leurs expéditions au sommet des plus hauts sommets du monde, les sherpas sont connus pour leur robustesse et leur loyauté. D’ailleurs, tellement habitué à l’altitude, Junke ne supporte pas de descendre sous la barre des 4000 mètres.


- If I go down I have skin allergy, nous explique-t-il en se grattant la peau pour nous représenter le type de problème auquel il doit faire face.


Junke ne craint ni le froid, ni l’effort, ni l’altitude, ni la glace. Son thé noir sucré nous réchauffe, car déjà nous grelottions sous nos habits pourtant techniques. Et ce n’est que le mois d’octobre.

La discussion continue quelques minutes durant lesquelles chacun s’enthousiasme des réponses de l’autre. Nous lui expliquons que notre travail se déroule dans plusieurs pays différents. Et qu’après le Népal nous irons au Sri Lanka. Des instants de partage précieux qui se terminent par de nombreux « very happy to meet you, pleasure, honor … ».

Puis vint le moment de la photo.


- We would like to keep a souvenir of you, is it possible? 

- Yes possible, no problem, sit here!


Junke et moi nous retrouvons donc assis sur une banquette pas du tout exposée comme Julien l’aurait voulu. La lumière nous arrive de côté, l’autre est très sombre. Tandis qu’il fait mentalement ses nouveaux calculs de réglages, je regarde autour de moi. Des étagères avec quelques ustensiles de cuisine, 3-4 habits râpés accrochés à un clou, un petite radio, 2 couvertures et un petit poêle en terre, voilà l’essentiel des choses que possède Junke. 


- Ready, demande Julien? Ok smile!..... (clic). Merde… Elle est floue. One more ? (clic). Sorry, this one no good… OK… (clic). Now good, thank you!


Julien lui demande ensuite un portrait de lui seul.


- Ok ready? (clic) Ok, that’s great. Thank you very much!

- Do you have an email address?


Ma question pouvait sembler farfelue. Il rigole gentiment.


- No, no email, no internet.

- Because we could send you the picture on Internet.


Nous sentons alors que Junke réfléchit, peut-être pour la première fois, à la possibilité d’aller sur internet et d’être d’une certaine manière en connexion avec la Suisse.


- Maybe with a friend, yes… possible… give me your address and I write email to you and you send me picture.


C’est étrange. Un trait d’union entre nos cultures si éloignées se crée. Tant de traits d’union entre la Suisse et l’Himalaya se sont déjà créés. Autour d’une tasse de thé et de grands sommets, nous nous sommes ainsi rencontrés. La parenthèse se referme. Nous remercions notre hôte les mains jointes en lui souhaitant une belle vie et reprenons le chemin de notre lodge. Sorti du jardin, j’entends Julien grogner :


- Ah je m’en veux, fait chier !! 


Surprise, je lui demande quel est son problème.


- Je crois que toutes les photos que j’ai prises de lui sont floues. Problème de luminosité, de réglages, c’est allé trop vite, et je n’ai pas voulu abuser !


Aucune des photos n’est bonne en effet. En revanche la rencontre, elle, était bien réelle !


M.

alt
alt
alt
alt

épisode 4
Fuel Crisis in Langtang

​Népal

épisode 5
City of Tin Sheet

​Népal

alt
alt
alt

Episode 4:

Fuel Crisis in Langtang

Une main accrochée à la sangle d’un sac rempli de patates. L’autre qui tient fermement la structure métallique sur laquelle je suis assis. Ma jambe droite est coincée entre 2 sacs à dos posés devant moi. L’autre pend le long du bus. Mon équilibre est précaire et je m’en rends bien compte. Kashal, notre traducteur - qui a dû s’improviser guide - est assis à quelques mètres de moi. Son regard trahit l’inquiétude qui s’empare peu à peu de lui. C’était un citadin de Katmandhu. Avec nous, une quarantaine d’autres passagers occupent le toit du bus. Et je ne parle même pas de l’intérieur, plein à craquer, dans lequel est enfermée Marie. Si beaucoup de passagers discutent entre eux pour tenir à distance, par leurs mots, les projections les plus noires, la tension n’en est pas moins palpable. Visages tendus et rires forcés allaient nous accompagner tout au long du trajet reliant la petite ville de Dhunche au village de Ramche, deux petites localités situées sur le même coteau et distantes d’environ 20km, soit 2 heures de bus. Deux des heures les plus angoissantes de ma vie.


Entre ces deux localités du Langtang très fortement touchées par le tremblement de terre, la route avait jadis été un bel ouvrage, tourisme oblige. Mais c’était avant. A présent, 3 énormes glissements de terrain barraient le trajet. Ils avaient totalement effacé des tronçons de route. Plus que ça, le terrain sur lequel la route avait été construite avait simplement disparu dans les profondes abysses de la vallée, quelques 1500m en contrebas, emportant avec lui toute la végétation, même les arbres les plus fortement ancrés (en fait, toute la structure soutenant les racines s’en était allée elle-aussi). Et la route. Plus de route. Ne restait que 3 énormes cicatrices, chacune large d’environ 200m pour une hauteur dix fois plus importante, qui balafraient toute la hauteur du versant de leur joug minéral. Sans oublier la pente en contrebas qui faisait froid dans le dos… D’autant que la vue, depuis ma place, ne laissait que peu de place à l’imagination.





































Ce trajet, dont nous connaissions le danger pour nous l’être fait expliquer par le responsable local de Norlha, nous devions le réaliser en Jeep, avec chauffeur et climatisation. « Plus cher, mais beaucoup plus sécurisant. Moi, je ne prendrai pas le bus entre ces deux localités ». Le message était clair, Norlha, l’ONG qui nous encadrait, nous fournirait une Jeep. Seulement voilà, les choses ne se passent jamais comme prévu. En l’espace de 15 jours, le prix de l’essence avait décuplé et notre Jeep s’était envolée.


Le prix de l’essence avait atteint des sommets exorbitants en raison d’un blocus vraisemblablement perpétré par l’Inde, bien que celle-ci décline (encore maintenant) toutes responsabilités. Selon son gouvernement, la faute en incombe aux Madeshi, une importante ethnie établie à la frontière entre les deux pays qui, depuis plusieurs mois, s’élève contre les décisions du gouvernement népalais. Ces manifestations mettraient en péril la sécurité des convois, bien qu’aucun camion transportant fruits et légumes n’ait été arrêté à la frontière. Seuls semblent concernés les camions transportant le précieux or noir. A lui seul, il représente 28% de la totalité des importations. Selon le Katmandu Post, sur les 300 camions-citernes qui franchissaient quotidiennement la frontière quelques semaines auparavant, n’en filtre actuellement plus qu’une petite dizaine. Les autres camions forment d’interminables files immobilisées à la frontière, par les Madeshi selon l’inde, par les gardes-frontières indiens selon le Népal.


Dès 1947 (l’indépendance de l’Inde), le Népal se rendit compte qu’il lui fallait une alliance forte afin de pouvoir développer et pérenniser son économie. Entouré de deux géants, la Chine et l’Inde, il se tourna naturellement vers le second en raison des nombreuses affinités culturelles et religieuses. En 1950, les deux pays trouvèrent un accord et paraphèrent un document pompeusement appelé « Traité Indo-népalais de Paix et Amitié ».  Il y était stipulé que l’Inde s’engageait à soutenir le Népal dans son développement économique, lui garantissant pétrole et les denrées alimentaires qui lui faisaient défaut. En contrepartie, le Népal acceptait d’ouvrir ses frontières aux ressortissants indiens qui désiraient venir s’y installer et leur proposer une naturalisation facilitée. De plus, le Népal s’engageait à soutenir les investissements indiens sur son territoire. C’est ainsi que l’Inde, par la pusillanimité de la politique népalaise face au géant, réussi à imposer son monopole, développer son marché et placer ses pions afin d’asseoir son autorité sur le long terme.


Parmi les millions de ressortissants indiens qui vinrent s’installer dans les plaines fertiles du Sud du Népal, il semblerait que certains d’entre eux soient directement employés par le gouvernement indien. C’est du moins une opinion largement partagée dans la population népalaise. A la solde du sous-continent, ils ont pour principale mission de s’infiltrer dans les différentes strates du gouvernement népalais afin d’assurer les intérêts économiques de leur pays natal. En vérifiant leur parcours professionnel, il est d’ailleurs facile à prouver que plusieurs membres du parlement népalais ont un passé politique en Inde.  Cette stratégie, qu’il a fallu développer durant des années, a été balayée du jour au lendemain par la nouvelle constitution népalaise, le 20 septembre 2015. Alors bien que l’Inde s’en défende toujours, le mobile apparaît. D’autant plus que l’Indian Express, le jour même du début du blocage, informait ses lecteurs que « l’Inde avait demandé des modifications précises à la nouvelle constitution népalaise ». Le gouvernement indien s’est empressé de démentir cette information.


Suite au blocus, l’essence a donc été drastiquement rationnée, les prix ont explosés et notre budget n’a pas assumé le choc. La Jeep que nous devions avoir à notre disposition pour notre première mission s’en est retournée le jour même à Katmandou, nous laissant, notre traducteur, Marie et moi, à la merci des transports publics. Nous avons donc parcouru à quatre reprises la distance qui sépare les deux localités, la première fois en Jeep, les trois suivantes en bus. Les tronçons de route emportés par les glissements de terrain avaient été réparés à l’aide d’une unique tractopelle, labourant un chemin de fortune au milieu de cet invraisemblable chaos minéral. Si la Jeep progressait difficilement, mais surement, à travers les énormes cicatrices, il en était autrement du bus. A trois reprises et durant de longues minutes, les roues extérieures frôlèrent dangereusement les quelques centimètres de terre meuble qui nous séparaient d’une mort certaine, le bus tangua comme voilier en pleine tempête et les passagers, hommes, femmes et enfants, malheureuses victimes involontaires d’un drame aveugle, plongeaient assidûment dans les regards voisins à la recherche d’une réconfortante sérénité, d’un éclat providentiel, d’une simple petite phrase. Deux mots seulement.


« Pas aujourd’hui ».


J.

alt
alt

Episode 5:

City of Tin Sheet

« Le mieux c’est que vous louiez une tente. A Dhunche, votre hôtel risque d’avoir des fissures, si c’est le cas, dormez plutôt dehors. A Tholugan, il n’y a plus aucune construction en dur. De plus, en cas de tremblement de terre, vous serez équipés ». Nous sommes prévenus. Le directeur régional de l’ONG Norlha nous a donné ses derniers conseils avant notre départ pour les deux villages dans lesquels nous allons tourner des vidéos pour l’EPFL.  


L’hôtel à Dhunche n’a visiblement pas de fissures, et nous nous y installons plutôt confortablement. Notre traducteur se repose, tandis que Julien préfère rester travailler ses photos. Quant à moi, je pars en vadrouille, à la découverte de cette petite ville perchée sur des pentes vertigineuses. Dhunche, la capitale du district de Rasuwa, à l’entrée du parc national du Lang Tang, à 5 heures de Katmandou en voiture. Les habitants semblent plutôt joyeux mais l’environnement fait mauvaise figure. La rue principale, la seule bordée de petits magasins, est une jolie façade. Je la longe en m’enivrant des odeurs de curry, des couleurs kitch des vêtements, des bâtiments, des statues religieuses, et en évitant les motos montées par des adolescents crâneurs qui klaxonnent les jeunes filles du village. Plusieurs hôtels côtoient les étroits bâtiments de 3 étages, propriétés de ceux qui ont réussi à faire fortune dans cette petite capitale locale. Sur cette route passent en effet les touristes qui se rendent au Lang Tang pour les treks.


Passé ce petit quartier commercial, un autre genre d’échoppes apparaît : celles faites de taule, qui remplacent « temporairement » les maisons en pierre d’avant le 25 avril 2015, gravement détruites lors du séisme. Un bruit de marteau attire mon attention. En contrehaut, une vieille femme marquée par le temps et l’effort est accroupie pour casser des pierres en petit cailloux.


- Namaste ! Me lance-t-elle sans s’arrêter de marteler la pierre.


Je joins les deux mains et lui rend son salue. Mon regard se dirige alors au-dessus d’elle, vers les terrasses creusées dans la pente. Des maisons de toile de toutes les couleurs et de toutes les formes. Des tentes carrées, rectangulaires, tubulaires, oranges pour les japonaises, blanches pour Unicef et Usaid, bleues pour les chinoises…Un camp de déplacés se trouve à l’entrée de la ville. La population a doublé à Dhunche, et les gens n’ont pas d’autre choix que de commencer à organiser une vie ensemble, solidairement. Car le temporaire risque de durer.






























Je passe près du tas de petits cailloux de la vieille femme, et m’aventure dans les dédales pentus et boueux de ce village temporaire fait de maisons de tissu et de taule. Ici, un feu est allumé dans la tente pour cuire la soupe familiale. Là, un vieil homme nettoie sa casserole au point d’eau du camp. Les enfants jouent aux billes avec des cailloux, et les jeunes filles s’occupent des plus petits. Dans un mois ou deux, la neige blanchira le sol, la boue gelée fera glisser les sandales en plastique, et le froid dans ces habitations sommaires deviendra dangereux. Vieillards et enfants devront être forts pour supporter la rudesse hivernale dans une cabane de taule ou de tissu.


Des centaines de déplacés, migrants involontaires, se retrouvent ainsi dans cette petite ville. On les met où l’on peut, ils s’adaptent comme ils peuvent. Tous ont perdus leur maison, et leurs biens sont enfouis sous les décombres. Leurs villages sont dévastés. A part un lopin de terrain, il ne leur reste pas grand-chose. Et celui-ci se trouve parfois dans des endroits qui ne donnerait à personne l’envie de réinvestir : entre deux grands glissements de terrain par exemple, le long d’une pente insensée. Pour quelques-uns, leur terrain, la seule chose qu’il leur reste, est condamné.

















































C’est vers un village de ce type que nous nous dirigeons quelques jours plus tard. A Thuloghan, le parc immobilier ne ressemble à plus rien de ce qu’il était avant le 25 avril 2015. Avec une délégation de l’ONG Norlha, nous nous rendons pour deux jours dans cette communauté, gravement victime du tremblement de terre.  Après 5 heures de route, nous entamons une montée de deux heures sur une pente raide traversant des multitudes de petits champs en terrasse où quelques fermiers s’affairent. Notre petite expédition est composée du directeur régional de Norlha, de deux traducteurs, de deux porteurs, de trois membres suisses du conseil de fondation de l’ONG, et d’une jeune géologue valaisanne venue pour évaluer le niveau de danger auquel est exposé le village. Notre petit groupe chemine lentement sur ce chemin pentu. Une pause pamplemousse nous redonne l’énergie pour grimper encore, sous la chaleur de la mi-journée. Une maison en taule apparait enfin. Puis une seconde. Au milieu des jardins en terrasses du ravissant petit village de Thuloghan, se dressent des dizaines de petits habitacles en taule. On dirait qu’ils sont là depuis toujours. Mais la grande tente blanche UNICEF qui sert de centre médical, les ouvriers affairés à poser les fondations d’un nouveau bâtiment, puis le bureau en taule bleue de Norlha nous rappellent que ce paysage est en fait récent. Impossible d’imaginer à quoi ressemblait le village quand toutes ses maisons en pierre sèche étaient debout il y a encore quelques mois. Le village de Thuloghan abrite 378 foyers, durant le séisme, seule une maison est restée debout.


Needra, travailleuse sociale pour Norlha, vient à notre rencontre et nous accueille chaleureusement:


- You are the persons coming to interview some beneficiaries right?


Indeed. Nous organisons plusieurs rencontres pour le lendemain, ainsi qu’une promenade avec la géologue, qui vient pour repérer des glissements de terrain.

Souriante et motivée par son travail, Needra nous raconte son quotidien dans ce village reculé, où elle est installée depuis 11 mois.


- And sometimes I go in the next village. Actually during earthquake I was stoke there during 5 days.

- 5 days?

- Yes, with a friend and two dead bodies. They were in the house from which I managed to escape few seconds before it collapsed. It was awful. Honestly.


Aie. Notre hôtesse a échappé de peu à la mort, et nous réalisons que c’est le cas de la majorité des gens que l’on croise ici. Les interviews nous décrivent des situations apocalyptiques, il y a ceux qui ont échappé aux chutes de pierre ou à l’écroulement de leur maison en y laissant parfois une jambe ou un bras, et il y a ceux qui se sont cachés sous leur lit ou sous le pas de la porte. Ceux-là n’ont pas survécus, leur maison s’est entièrement effondrée sur eux. Les villageois accusent une mauvaise information sur la prévention faite par la Croix Rouge locale quelques semaines précédant le tremblement de terre. Se cacher sous un lit d’une maison qui s’écroule ne sert à rien. Ici, on comprend aujourd’hui que si la terre se met à trembler,  il faut fuir dehors dans un espace ouvert.


Fuir permet de sauver sa vie, mais pas sa maison. Aucune n’a résisté, et les survivants, après avoir passé des jours ou des semaines dehors et enterrés leurs morts, ont trouvé un toit temporaire pour y passer l’hiver, fourni par les ONG. Quand il pleut on ne s’entend plus parler. De petits rats se promènent allègrement le long de ces murs d’alu. Mais c’est le seul toit qu’ils peuvent espérer avoir. Pour reconstruire une maison il faut de l’argent. Mais avant tout, il faut s’assurer que le lieu est sûr, qu’il ne va pas disparaître dans un glissement à la prochaine mousson. Alors on attend l’avis des experts, que l’argent vienne, que les décisions soient prises…Et en attendant, les villageois se préparent à passer leur premier hiver dans ces maisons de fortune.

 

Après une soirée à siroter du sprite à la bière en écoutant un jeune collègue guitariste jouer des musiques traditionnelles avec la petite équipe d’expatriés, Julien et moi installons notre tente près du bureau temporaire de Norlha, tandis que le reste du groupe s’installe dans la grande tente UNICEF. Sous la pluie battante de cette nuit-là, nous ne pouvons nous empêcher de penser que c’est quand même sympa de faire un peu de camping… Mais quand le temporaire devient permanent et que l’hiver approche des montagnes népalaises, pour nos hôtes, la situation confine au drame plutôt qu'au plaisir.  


M.

alt
alt